Trump : Ce n’est pas de l’inconnu qu’il faut avoir peur


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Depuis l’élection de Donald Trump, le mot « inconnu » (ou son synonyme « incertitude ») revient avec insistance sous la plume des journalistes et des éditorialistes : « L’Amérique a fait le choix de l’inconnu » (Le Monde), « Les Etat-Unis et le monde ont sauté dans l’inconnu » (Libération), « Le grand saut dans l’inconnu » (La Dépêche).

A la lecture des articles, on pourrait croire que l’incertitude devrait nous effrayer. Je pense que c’est une erreur. La seule chose dont il faut avoir peur est la conjonction de deux certitudes :

  • Donald Trump a tenu des propos malveillants ou insultants  envers la majorité des habitants de cette planète (les femmes, les musulmans, les latino-américains, les immigrés…).
  • Il est plus puissant qu’aucun souverain avant lui, grâce à la force de frappe de l’appareil militaire US et au système de surveillance généralisé et non contrôlé par la justice qui a été développé sous l’administration Obama (si vous en doutez, il suffit d’aller voir « Snowden » actuellement sur les écrans ou le blog « The Intercept » tenu par le journaliste qui a dévoilé l’affaire).

La peur de l’inconnu agit comme une prophétie autoréalisatrice. Tout le monde s’accorde pour affirmer que c’est elle qui a fait élire Trump : La peur éprouvée par de nombreux Américains (plutôt blancs, de sexe masculin et peu instruits) devant un monde qui change vite, sous la pression combinée des flux migratoires, des bouleversements technologiques et de la dérégulation. Pourtant les Américains sont eux-mêmes des descendants d’immigrants (et ils en sont fiers!) et ils sont à l’origine de la plupart de ces bouleversements.

Là aussi, il y a une certitude : ce sont essentiellement des hommes blancs (et aisés) qui ont poussé la révolution technologique et la libéralisation ; C’est aussi un homme blanc (et milliardaire) qui est maintenant au pouvoir à Washington. Cette certitude doit-elle nous rassurer ?

Quand François Hollande déclare que Donald Trump ouvre une période d’incertitude, il laisse supposer que nous avions jusque là des certitudes sur le monde de demain. Vraiment ? Non. Bien sûr. Personne n’a jamais eu la moindre idée de ce qui arrivera dans le futur (les instituts de sondage n’ont même pas été capables de prévoir la victoire de Trump).

Nous avons donc le choix entre deux postures :

  • avoir peur de l’inconnu (comme les électeurs de Trump) et nous condamner par là-même à vivre constamment dans la peur (et à faire des choix électoraux douteux) car le futur est imprévisible,
  • aller résolument vers l’inconnu et y jouer sa part.

Cette deuxième posture, c’est celle de l’improvisateur : écouter le monde qui nous entoure, saisir les offres qu’il nous fait, lâcher-prise de notre ego et de nos habitudes et essayer de co-construire une belle histoire… et, au passage, y prendre si possible du plaisir.

C’est ce que j’expérimente avec Oui et Hop et vous invite à imiter : des labos de lâcher-prise et de co-construction, des espaces de bienveillance, pour aller sans peur vers l’inconnu et jouer sa part dans le monde de demain.

Ce n’est pas de l’inconnu qu’il faut avoir peur mais des actions liberticides et inhumaines que cette peur peut nous faire justifier.

Marchons résolument vers le futur incertain et improvisons avec plaisir notre devenir commun.

 

(photo : extrait de l’article « Trump vainqueur, les Etats-Unis et le monde ont sauté dans l’inconnu », Libération du 9 novembre 2016)

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