La base de l’impro (et de la communication), c’est d’accepter les propositions de l’autre et de construire dessus (le « Oui et… »). Mais que faire quand l’autre refuse de dire « oui » ? C’est la problématique du livre « Getting past No » (Dépasser le Non), écrit en 1991 par William Ury, co-auteur 10 ans plus tôt avec Roger Fisher du best-seller de la négotiation raisonnée « Getting to Yes ».
Pour parvenir à un accord, Ury recommande d’être encore plus à l’écoute de l’autre pour proposer une offre que l’autre ne pourra pas refuser. En référence à la stratégie militaire chinoise, Ury parle de lui « construire un pont d’or » sur lequel ses troupes pourront battre en retraite avec l’illusion de la victoire.
Dans la promotion de son livre, Ury illustre ce point par une expérience de jeunesse du producteur et réalisateur Steven Spielberg à l’occasion du tournage d’un de ses premiers courts-métrages, « Escape to Nowhere », en 1961 (il avait alors 14 ans). Voici comment Joseph McBride, biographe de Spielberg, relate les faits :
Spielberg utilisa Escape to Nowhere pour régler un problème qui lui pourissait la vie, le collégien anti-sémite qui le tyrannisait à Arcadia High School : « Il était mon cauchemar. J’en rêvais la nuit. » Comme celui-ci ressemblait un peu à John Wayne, Spielberg eut l’idée de lui proposer le rôle du chef d’escadron. Après un premier refus, le « bully » finit par accepter et joua finalement sous les ordres de celui qu’il aimait brutaliser…
… et qu’il ne brutalisera plus car après avoir été partenaires, ils ne pouvaient plus être ennemis.
C’est quand il a compris les ressorts profonds de son « ennemi » (besoin de reconnaissance, briller, être chef…) par un travail d’écoute que Spielberg a pu lui construire un pont d’or, lui faire une offre qu’il ne pouvait pas refuser, et ainsi obtenir un « oui » pour pouvoir avancer.