(Photo : Discussion avec la directrice de l’usine et deux ouvriers en charge du prototypage – Usine de sacs près de Quanzhou, Province du Fujian – Photo par Philippe Patteyn)

Quand le patron d’une entreprise spécialisée dans le linge de maison annonce à son chef de studio qu’il faudra très vite concevoir une ligne de bagagerie, il s’ensuit quelques secondes de silence, un petit moment de panique pendant lequel toutes les bonnes raisons de résister à ça se bousculent dans la tête : on n’a jamais fait ce type de produit ; on ne connaît pas les exigences des consommateurs, la réglementation, les matières, les usines, les coûts, les délais de fabrication… mais on répond par un « oui » enthousiaste parce que :

– on ne peut pas dire « non » à un patron qui affiche un grand sourire confiant (lui-même avait dit « oui », quelques heures plus tôt, à l’opportunité d’un gros contrat de sacs à dos et de sacs de sport, certain que son équipe le suivrait et qu’on y arriverait),

– ça nous changera de l’habitude,

– quand il faut aller vite, il vaut mieux courir en avant avec enthousiasme qu’avancer à reculons.

L’impro était lancée ! Et comme toute impro, ça commence par de l’écoute.

Autour de nous, tout le monde utilise des sacs à dos et des sacs de sport : nos enfants, nos amis, nos collègues… nous-mêmes. Que recherchons-nous ? Pourquoi les achetons-nous ? Qu’est-ce qui est indispensable ? Qu’est-ce qui ne sert à rien ? Quels sont les petits « plus-produits » qui font pencher une décision d’achat ? Après quelques jours d’enquête et quelques séances collectives de réflexion, on avait défini les spécifications de base (nombre de poches, type de zip, taille, matière…) et les plus-produits (porte-crayons, anneau à clé, doublure, protection PC…).

Pour trouver une usine capable de répondre à nos exigences de qualité et de prix, on a fait avec ce qu’on avait à notre disposition : notre réseau (agents, fournisseurs, acheteurs…). On a demandé conseil et écouté avec humilité les suggestions. Il restait alors à faire un choix parmi les quelques usines possibles et finaliser les produits. Six semaines après le premier « oui », FedEx nous déposait les premiers échantillons.

Une équipe enthousiaste qui écoute, qui agit et qui prend des risques peut construire une belle histoire, comme sur une scène d’impro : On savait faire des draps, maintenant on pouvait faire des sacs (C’était une première étape dans la transition qui amènerait l’entreprise à devenir un acteur dynamique dans le monde de l’équipement sportif et du sportswear).